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Ce guide est complet. Le texte des pages sur le Quartier du Parc sont à ajouter aux photos de pages

Pourquoi un guide de l'architecture ?

Ce guide 1996 de l'architecture de La Défense est le premier du genre

 

Depuis la création de l'EPAD, il n’y avait rien. Il n’y avait aucun inventaire public ni descriptif des bâtiments de La Défense. Pourtant, ce quartier commençait à devenir une sorte de musée de l’architecture contemporaine. Il était dommage de ne pas faire connaître la richesse de ce patrimoine et ainsi promouvoir le travail de l'établissement public. 

Aussi, après m’en être ouvert à Gérard de Senneville, le directeur général à l’époque, il m’a chargé de réaliser une exposition sur l’architecture du quartier. J’ai rassemblé des informations documentaires, je suis allé interroger les architectes, et j’ai constitué cet inventaire descriptif. Ce travail a été mis en scène lors d'une exposition sur le parvis de La Défense au Point Info. 

Puis, cet inventaire m'a servi de base pour rédiger une plaquette qui a été éditée en mai 1996. Le service communication de l’EPAD avait ses fournisseurs et a confié sa réalisation à Parallèle. Personnellement, je n’aime pas trop la mise en page un peu compliquée qui ressemble à un jeu de pistes.  

Le format carré ouvert 30x30 cm initié pour ma première plaquette "30 ans 30 événements" de 1988 a été conservé. Il faut féliciter le photographe Raoul Arroche qui a fait un reportage remarquable. Malheureusement,  ses photos sont minuscules ce qui ne met pas son travail en valeur.  

Cette plaquette a été imprimée en mai 1996 puis rééditée en 1999. J’en suis l’auteur, mais ma signature a été reléguée en tout petits caractères sur la dernière page (voir). Afin que ce travail ne soit pas perdu et ma contribution reconnue, j’ai décidé de le publier sur Internet avec la reproduction des pages du document originel complétées en dessous par les textes originaux.


Patrick DEMEYER
Février 2021

 

03 Introduction

 

En 1958, l'Etat décide de lancer la plus grande opération d'urbanisme de la dernière moitié du XXe siècle. 

Il a l'ambition de réaliser sur l'Axe historique de Paris, un vaste programme de bureaux et de logements sur un périmètre de 750 hectares à Courbevoie, Nanterre, Puteaux. Pour mener à bien cette opération, l'EPAD est créé. Etablissement public à caractère industriel et commercial, il a pour mission d’élaborer les plans d'urbanisme, de réaliser les infrastructures et de commercialiser les charges foncières. 

Au moment où l'EPAD se met en place, le CNIT est inauguré. Cette manifestation devait être de bonne augure pour la réussite de l'opération. En effet, en dépit des aléas de la vie économique et politique, l'opération va se développer pour aboutir à la fin des années 80 au succès international symbolisé par la Grande Arche. 

Par-delà cette réussite, La Défense constitue aujourd'hui, sur un même site, un témoignage unique de l’architecture contemporaine. De la première tour Nobel devenue par les hasards de la commercialisation Roussel-Hoechst, au nouveau siège de la Société Générale, des architectes du monde entier ont su faire évoluer leur art pour répondre aux attentes des entreprises et des habitants.

Si les formes ont évolué, l'esprit d'aménagement arrêté par l'EPAD au début des années 60 a été respecté. La vaste esplanade piétonne, la mise en souterrain ou en périphérie de la circulation automobile, ont largement participé au succès de La Défense. Ce guide a pour objet de mieux vous faire connaître les bâtiments et leurs créateurs, de vous raconter l’histoire de La Défense, une histoire en perpétuelle évolution et résolument tournée vers l'avenir.

Sommaire

  • Histoire et aménagement... 04
  • Le quartier d'affaires... 16
  • Le quartier du parc... 32
  • Réalisations en cours... 38
  • Projets... 39
  • Liste alphabétique des immeubles...(40)  Voir ici
  • Plan général de situation... (44) (voir Google Maps)

04 L'axe historique



L'axe historique

Créée â la demande du roi Henri IV en 1599, une route
menant au château de St-Germain est progressivement
embellie et agrandie au cours des siècles, pour devenir
aujourd'hui l'Axe historique de Paris aboutissant à la Grande
Arche. C'est ainsi que Le Nôtre est chargé à la demande de
Louis XIV, de planter un alignement d'ormes (1667). Louis XV
crée la place de la Concorde et l'empereur Napoléon III fait
édifier l’Arc de Triomphe en hommage à Napoléon 1".
Un pont de pierre sur la Seine permet à l'axe d'aboutir
au rond-point de Chantecoq en 1774, carrefour de même
taille que la place de l'Etoile. Il devient Rond-Point de
La Défense en 1883 avec l'inauguration de la sculpture de
Louis-Ernest Barrias "La Défense de Paris", hommage rendu
aux combattants du siège de la ville en 1870. Le quartier
prend ensuite ce nom.
 

En 1931, la Ville de Paris lance un concours pour aménager
l'avenue qui mène au Rond-Point. Le Corbusier propose, selon
les principes de la Charte d'Athènes, un quartier de tours
dégageant une grande dalle piétonne séparée des voitures.
Cette idée est reprise trente ans plus tard par l’EPAD pour
l'aménagement de La Défense.

05 La génèse de La Défense

 

 

La genèse de La Défense


En 1950, la France se relevait de la guerre et le ministre de la Reconstruction, Eugène Claudius-Petit, demanda à trois grands architectes de lui proposer un schéma d'aménagement de la région de La Défense pour y organiser une Exposition Universelle en 1958. L'exposition  se fit à Bruxelles, mais le schéma d'aménagement proposé par Camelot, de Mailly et Zehrfuss conforta l'idée qu'un nouveau quartier, vitrine de la France moderne, y aurait sa place.

La Fédération des Industries Mécaniques possédait un terrain triangulaire donnant sur le rond-point de La Défense. Ayant eu vent du projet, son président, Emmanuel Pouvreau demanda tout naturellement  aux trois architectes de lui étudier un projet de grand palais des expositions et de l'intégrer dans l'aménagement global du futur quartier. Ainsi naquit le CNIT (Centre National des Industries et des Techniques). Son architecture audacieuse avait été voulue pour symboliser le dynamisme et le savoir-faire de l'industrie française renaissante.


06 Les pionniers

 


Les pionniers


Robert Camelot, Jean de Mailly et Bernard Zerhfuss, tous trois Grand Prix de Rome, proposèrent en 1956 de prolonger l'axe historique en le bordant de grands immeubles de bureaux et de logements reliés par des passerelles. Le CNIT faisait face à un immeuble de 250 mètres de haut. Le rond-point et la statue de La Défense étaient conservés.

Emmanuel Pouvreau réussit à trouver les financements et à convaincre ses partenaires industriels de réaliser ce pari technique et architectural qu'était le CNIT. Inauguré en 1958 par le Général de Gaulle, il restera pendant près de dix ans le seul édifice de La Défense. Mais quel monument... Il contribua largement à faire connaître La Défense à travers le monde. Convaincue par les instances gouvernementales et la présence du CNIT, la firme ESSO acheta un terrain dès 1957 pour y installer son siège social parisien.

C'est en 1958 que le gouvernement lance l'opération de La Défense. Il crée un organisme pour la mener à bien, l'Etablissement Public d'Aménagement de la région de La Défense (EPAD). Il lui confie la mission de réaliser le quartier d'affaires qui fait défaut à la capitale.
Un périmètre de 750 ha lui est confié sur les commune de Courbevoie, Puteaux et Nanterre.

07 La 1ère génération


LA PREMIÈRE GÉNÉRATION DE TOURS


Un nouveau plan est mis au point en 1960 par les  architectes de l'Epad en collaboration avec Camelot, de Mailly et Zerhfuss. Approuvé en décembre 1964, il reprend les principes fonctionnalistes issus de la Charte d'Athènes. Afin de conserver une cohérence architecturale à La Défense, toutes les tours de bureau doivent respecter les mêmes règles. Les dimensions prescrites étaient de 24 par 42 mètres à la base sur 100 mètres de haut, ce qui correspondait à une trentaine d'étages de chacun 1000 m2 environ. Chaque maître d'œuvre était libre d'imaginer une architecture qui lui était propre à condition de rester dans cette forme. Ainsi naissent dès 1967 les tours dites de la première génération, comme Nobel (devenue Roussel-Hoescht) et Aquitaine (devenue AIG), les premiers "gratte-ciel" parisiens.

Les immeubles de logements ne doivent pas dépasser une dizaine d'étages. Ils sont prévus devant les tours pour bénéficier du soleil. De forme carrée, ils sont ouverts sur un patio-jardin au centre. La résidence Boïeldieu de Gilbert et Rabaud et la Résidence Lorraine de Camelot sont les premiers du genre. Par la suite, ces règles évoluèrent.

08 La 2e génération


LA DEUXIÈME GÉNÉRATION


En 1969, l'expansion économique et la demande en bureaux deviennent tels que l'Epad reçoit l'autorisation de doubler la superficie de son parc d'immeubles. Un nouveau plan-masse est établi. Pour accueillir 1,5 million de m2 de bureaux, les tours peuvent atteindre deux cent mètres de haut et elles prennent de l'épaisseur : d'immenses "plateaux paysagers" voient apparaître des bureaux éclairés en "deuxième jour", sans accès direct à la lumière naturelle. Pendant les années 70 s'érigent ainsi les plus grandes tours dans le ciel du quartier d'Affaires comme GAN, FIAT (devenue FRAMATOME), ASSUR.

Les immeubles de logements aussi se mettent à grandir : Défense 2000 comporte 47 étages et dans le quartier du Parc, onze Tours-Nuages d'Emile Aillaud  dépassent 100 mètres.

Aux difficultés économiques liées à la crise pétrolière de 1973 s'ajoute une campagne d'opinion contre les tours et les bureaux paysagers. Les immeubles construits restent vides. L'EPAD ne vend plus de droits de construire. De 1974 à 1978, La Défense connaît une crise grave, mais le gouvernement décide de poursuivre et de relancer l'opération par une fiscalité avantageuse.

09 - La 3e génération


LA TROISIÈME GÉNÉRATION


Ce qui avait provoqué la crise sera retourné au bénéfice de La Défense. L'EPAD met en place un nouveau plan d'aménagement. Architectes et promoteurs s'efforcent de répondre aux nouveaux besoins des entreprises. Plus confortables (tous les bureaux sont en premier jour), plus économiques (les charges sont réduites), adaptés aux nouvelles technologies, tels sont les immeubles de la troisième génération.

Pour répondre aux exigences nouvelles, les architectes doivent faire preuve d'imagination et inventer de nouvelles lignes (les Miroirs). Certains sont moins hauts, mais d'autres culminent à près de 200 mètres (ELF). Quant aux promoteurs, ils commercialisent les bureaux avant de les construire.


10 - 1989 et après [La 4e génération]


[NOTE 2021] La  quatrième génération d'immeubles... qui n'existe pas


 Une architecture adaptée aux formes des terrains résiduels

A l'époque de la rédaction de cette brochure, l'EPAD a refusé que j'appelle cette partie "La quatrième génération". Pourtant, c'est une évidence. Toutes les surfaces constructibles officielles du quartier étaient occupées. Devant la demande, l'EPAD a recherché et trouvé des espaces résiduels où il était possible de construire, mais en se pliant à certaines contraintes. Et parmi ces critères, les architectes ont été obligés d'adapter la forme des bâtiments à la forme du terrain. Une architecture bouche-trous sur des espaces résiduels, ce n'est pas très flatteur. Donc, on parle d'immeubles d'après 1989. Pourtant, à cause de ces contraintes, les architectes ont fait preuve d'imagination et de créativité.

Le cas de Kupka, du quartier Valmy, etc

Parmi d'autres exemple, la tour Kupka a été construite au bord du boulevard circulaire, sur un terrain très étroit. Ce terrain était un talus végétalisé très pentu en forme de croissant de lune. Le directeur général a donné ce terrain à la ville de Puteaux, à charge pour elle de bien entretenir la végétation. Mais ce contrat fut rompu par le maire Ceccaldi-Raynaud qui fit construite des bureaux à cet emplacement. Évidemment, ceci n'est pas très glorieux. 

Donc, la 4e génération n'existe pas...

Patrick Demeyer
Février 2021


texte original

 

1989 ET APRÈS


L'histoire de La Défense se poursuit. En 1989, la Grande Arche, véritable monument du XXème siècle, conforte la dimension internationale du quartier d'affaires et ouvre la perspective sur de nouveaux aménagement que doit réaliser l'EPAD sur son périmètre à Nanterre.

Le quartier Valmy (La Défense 7) en est la première étape. Les tours jumelles de la Société Générale en marquent l'aboutissement. Depuis ESSO, le premier immeuble d'acier et de verre de Paris, La Défense offre aujourd'hui la vitrine exceptionnelle de cinquante années d'architecture française, avec ses contrastes, ses forces et ses faiblesses.

Demain, de nouveaux immeubles remplaceront les plus anciens... L'histoire n'est pas achevée.

11 - Les trois architectes du CNIT


LES TROIS ARCHITECTES DU CNIT


Robert Camelot (1903/1993)

Architecte DPLG, Grand Prix de Rome en 1933, Robert Camelot devient Architecte en Chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux après avoir travaillé aux Etats-Unis où il a beaucoup appris sur la construction des tours de grande hauteur. Etablissant le plan de La Défense, il propose dès 1957 d'édifier une tour de 250 mètres de haut en face du CNIT. Par la suite, il  participe à tous les concours Tête Défense sans jamais réussir à être lauréat ni à construire une tour de bureaux à La Défense. Devenu Architecte-conseil de l'EPAD en 1958, il conçoit la Résidence Lorraine et l'îlot Corvée.

Jean de Mailly (1911/1975)

Issu d'une famille d'architectes, Jean de Mailly occupe les postes les plus prestigieux de sa profession. Architecte en chef des Bâtiments nationaux en 1948, il est ensuite architecte-conseil de plusieurs ministères et organismes publics dont l'EPAD. Il reçoit de nombreuses commandes publiques. Premier Grand Prix de Rome en 1945, il marque de son empreinte l'architecture des années 50/60 : des formes pures d'une grandeur parfois sévère, et un fonctionnalisme aujourd'hui controversé pour certains de ses immeubles de logements. Avant la création de l'Epad, il conçoit le quartier Bellini et la tour Nobel (devenue Roussel-Hoechst), la première tour de bureaux de la région parisienne. Il crée ensuite plusieurs des tours marquantes de La Défense.

Bernard Zehrfuss (né en 1911)

Architecte DPLG et Premier Grand Prix de Rome en 1939, le talent de Bernard Zehrfuss lui permet de devenir Architecte en Chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux, puis membre de l'Institut. Une de ses œuvres les plus connues est le Palais de l'UNESCO à Paris. Après avoir contribué à concevoir le plan de La Défense, il devient architecte-conseil de l'EPAD à sa création. A La Défense, il ne construit rien d'autre que le CNIT en 1958 ; il participe à sa rénovation en 1987 comme conseil auprès d'Andrault et Parat.